CONTRE LE RACISME, LES DISCRIMINATIONS ET LES VIOLENCES POLICIERES POUR LA JUSTICE SOCIALE ET LES LIBERTES PUBLIQUES
LE 23 SEPTEMBRE A 14H30, PLACE DE LA REPUBLIQUE A LILLE
Le meurtre de Nahel, sous les balles d’un policier, le 27 juin dernier à Nanterre, a suscité une intense émotion, une profonde indignation et une légitime colère. La nouvelle séquence de violences policières consécutive à ce décès, confirme l’impérieuse nécessité d’agir. La mort d’Alhoussein à Angoulême, celle de Mohamed à Marseille, tué par un tir de LBD 40, l’éborgnement de son propre cousin, Abdelkarim, les mutilations de Virgil, Medhi, Nathaniel, Hedi, Jalil et de tant d’autres jeunes gens dans toute la France génèrent des drames irréparables pour leurs familles et leur entourage.
Dans le Nord-Pas-de-Calais comme ailleurs, la révolte légitime de la jeunesse et les émeutes, comme une maladie de la démocratie, ont servi d’argument au pouvoir en place pour occulter l’indispensable débat que nous devons conduire et les transformations qu’il nous faut porter dans la société.
Il nous faut dépasser cette colère. Nous nous réunissons à Lille pour dénoncer ce qui doit cesser : le racisme, les violences policières et les inégalités sociales que creuse la politique de Macron. Une politique néolibérale imposée par des méthodes autoritaires, des lois sécuritaires et une doctrine du maintien de l’ordre décriée jusque dans les plus grandes instances internationales. Une politique régressive qui fait le lit de l’extrême droite et piétine toujours plus nos libertés publiques, notre modèle social, notre avenir face à l’effondrement écologique.
Nous dénonçons le durcissement du maintien de l’ordre : les nasses illégales, de l’usage d’armes mutilantes comme le LBD et les grenades de désencerclement, du gazage à outrance, de l’emploi de policiers non formés au maintien de l’ordre et réputés pour leur violence, en particulier la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) et les Brigades anti criminalité (BAC), avec des interpellations et des verbalisations indiscriminées, du matraquage systématique et des violences gratuites et attentatoires à la dignité des personnes. Ces provocations sciemment orchestrées suscitent une escalade de la violence. Ces attitudes nuisent à la sécurité de toutes et tous.
Nous dénonçons l’instrumentalisation par le Gouvernement des forces de police et de gendarmerie qui, acteurs du service public de la sécurité, ne sauraient être instrumentalisés pour masquer la déshérence du président de la République ou servir les ambitions du ministre de l’Intérieur. Lorsque les consignes qui leur sont données poursuivent un intérêt médiatique et électoraliste, la République s’abîme.
Nous appelons à la création d’un contrôle efficace, quotidien, opérationnel et indépendant des forces de police et de gendarmerie. La mise en place d’une autorité administrative indépendante qui contrôle l’action quotidienne des forces de sécurité intérieure, qui formule des avis contraignants sur les méthodes et habitudes professionnelles est devenue un impératif. La police ne peut plus contrôler la police.
Nous appelons à des sanctions effectives des propos et comportements factieux ou racistes au sein des forces de l’ordre. A l’image de la société, des racistes existent dans les rangs de la police. Parmi ceux-là, certains vont jusqu’à dévoyer leur fonction pour servir leur idéologie. Il est temps de mettre en terme à cette coupable tolérance. De même, lorsque certains écrits sont rendus publics qui appellent à la guerre civile, l’absence de suites disciplinaires ou judiciaires nous abasourdit tout autant que le soutien à la haute hiérarchie policière qui n’a pas hésité à fouler aux pieds la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la Justice.
Nous appelons à une évaluation et des modifications du cadre juridique d’action des forces de de police et de gendarmerie. La mort de Nahel doit permettre d’interroger le cadre légal de la légitime défense actuelle ainsi que l’ensemble des textes d’application. Une révision totale de toute la doctrine de sécurité publique incluant une nouvelle loi pacificatrice est nécessaire.
Nous voulons constitutionnaliser les libertés associatives et de manifestation. Alors que des menaces ont été formulées contre des associations de défense des libertés, que le droit de manifester est mis en danger par des mesures d’entrave administrative ou les conditions de son encadrement sécuritaire, nous appelons de nos vœux la constitutionnalisation de ces droits fondamentaux. Au-delà du symbole, il s’agit d’accroître plus encore leur opposabilité et de contraindre le Gouvernement actuel à respecter nos libertés.
Nous déclarons l’état d’urgence pour qu’advienne l’égalité réelle. Dans trop de nos territoires, de nos villes ou de nos quartiers, les habitant.e.s souffrent de relégation, d’assignation à condition sociale, d’inégalités systémiques. La crise économique que nous vivons rappelle, comme toujours, que l’argent va à l’argent. On ne peut attendre l’aumône des grands patrons ou des grands groupes pour nourrir les plus précaires ou préserver le pouvoir d’achat. Ce Gouvernement a fait ses comptes et a fait ses choix : demander plus à ceux qui ont moins, conforter ceux qui ont déjà assez.
Nous appelons à des mesures d’urgence et un plan d’investissement public ambitieux pour éradiquer la pauvreté en France, pour briser les ghettos, pour mieux répartir le travail et mieux redistribuer les richesses, pour promouvoir la réussite scolaire de toutes et tous. Le Gouvernement ne peut rester sourd aux cris du peuple.